
De retour à la ville après un séjour chez les soeurs, dans un couvent à 50-80 km de Damas. Week-end de retraite là-bas, où on accueille aussi les orphelins. Lundi, jour de chance : je croise les doigts, je crois avoir trouvé une chambre chez une française de passage.
Isolement dans les montagnes. Je voulais écrire. J’ai commencé. J’ai tenté de me recueillir, du moins de me retrouver. Et trouver un peu de fraîcheur. Soigner mes bleus. Ceux du sac à dos : un beau sur chaque épaule et sur les jambes. Je cherchais le silence, mais les enfants sont plutôt excités ici. Des dizaines courent dans tous les sens, claquent les portes, crient. Aucun contact avec la population de cette prison. Résistance de mon côté. Moments de solitude avec isolement dans la musique. Bob Dylan, Gil Scott-Heron, DJ Krush, Underworld. Aucune connexion internet.
Je suis loin de perdre pieds. It’s a long way. Il me tarde de goûter au sel de l’errance.
Je suis juste partie. Broken Home.
Dans ce beau village perché à flan de canyons, les maisons sont peu à peu rachetées par de riches damasciens. D’autres se construisent, énormes. Les français et les commissions européennes sont passés par là. Plusieurs dizaines de cars de touristes par jour jusqu’à la nuit. Un seul hôtel de luxe, deux couvents et une ou deux mosquées. Une sainte locale, Sainte Takla et un autre, Saint Sarkis, qui est associé à Bacchus. Je ne sais pas si la nuit on s’adonne aux bacchantes, au sommet du canyon, avec vue sur la vallée et les immenses plaines désertiques. D’après ce que j’ai lu et en résumé à ma manière, Sainte Takla a voulu échapper au mariage promis et dans sa fuite elle a trouvé un refuge dans le roc où elle a fini sa vie. Ca me va bien comme bonne femme. Une femme ours. Au passage, on peut ajouter qu’elle n’était pas seule, je veux dire que Saint Paul était avec elle, du moins à distance. Et puis, elle serait la première apôtre féminine.
Une dizaine de pages écrite pour cette semaine passée loin de mon pays. Et des dizaines de morceaux de musique dans les oreilles. Peu de photos. Pas encore le moment. La lumière est tellement violente que le Sulka en perd parfois son latin. Et je n’ai pas encore les bases de ma musique.
Et mes photos ? Voici un premier album, des images de mon attente. J’en ai même déjà perdues celles du lac de Tibériade à Umm Qays. Soixante images effacées par mégarde, sans doute quand j’ai voulu formaté ma carte, après la frontière, en arrivant sur Damas. J’avais de beaux autoportraits dans la chambre .(
Alors j’écoute de la musique. Le matin dans le bus ou dans les cafés, on peut entendre Fairuz. Que j’aime mettre en écho avec mes propres morceaux en réserve sur mes disquettes 😉
Posted by iscia on septembre 6th, 2010 :: Filed under
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